Alors que Don DeLillo a intégré dans ses romans le football américain (End Zone), le baseball (le puissant prologue d'Underworld) et même le hockey sur glace (Amazons), sports dont il est, au delà ou en raison de leurs impacts dans la culture populaire américaine, effectivement amateur, j'éprouvais quelques regrets que le football (le soccer qu'ils disent) ne puisse entrer dans ses prérogatives littéraires.
Eh bien c'est rentré.
Dans une nouvelle parue fin décembre dans le mensuel Harper's (numéro 1927), intitulée "Hammer and Sickle" (traduite et publiée par Libération ici), il fait tenir cette interrogation à son narrateur : "I thought about soccer in history, the inspiration for wars, truces, rampaging mobs. [...]But what kind of sport is it that disallows the use of players’ hands, except for the goalkeeper? [...] If soccer were an American invention, wouldn’t some European intellectual maintain that our historically puritanical nature has compelled us to invent a game structured on anti-masturbatory principles?"
C'est un des aspects de l'art de Don DeLillo qui m'enchante et que ce passage illustre, cette manière d'incongruité charnelle introduite "out of the blue" au milieu du récit : ici, donc, la pratique du football (pas l'américain) comme prévention de l'onanisme. Dans "White Noise" ("Bruit de fond", Acte Sud), un autre exemple qui me revient, pas sportif celui là : lors d'un cours particulier d'allemand, le professeur introduisait ses doigts dans la bouche de l'élève pour lui manipuler la langue aux fins d'obtenir - de lui arracher ? - la bonne prononciation.
Pour en finir avec ma petite actualité "delillesque" du moment, j'apprends, première bonne nouvelle, que Cronenberg envisage l'adaptation de "Cosmopolis" de Don DeLillo. La seconde bonne nouvelle, c'est que Marion Cotillard, pressentie initialement pour y interpréter le premier rôle féminin y a renoncé pour cause de grossesse. Oui, oui, la seconde bonne nouvelle c'est bien que Marion soit dans l'attente de cet heureux événement.
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