20.12.11

Saudade ou pas

(Grève du département iconographique)


Le passage sourd d'un métro de la ligne 2 laisse traîner une vibration dans le sol carrelé et jusque sur les tables d'un café du boulevard de Charonne, où on entend chanter, tiens, encore, Cesária Évora, morte deux jours auparavant dans l'île de São Vicente et dont la magnifique photo dans Libération n'aura pas fait la une pour cause de Václav Havel.
J'interromps ma lecture de La belle amour humaine de Lyonel Trouillot, car je vérifie quand même, conditionné, que cette vibration n'est pas celle de mon smartphone ; nous sommes bien trois à ranger, avec une vague honte complice, l'objet très probable de prochains scandales sanitaires.
Je n'ai pas la nostalgie des îles, des lieux. Je n'ai jamais été et ne serai probablement vraiment jamais chez moi nulle part, géographiquement s'entend. Petit pays, je t'aime sans plus, petit pays je t'oublie, c'est tout. Obrigado Senhora
Cesária d'avoir quand même toujours, "avec cette sorte de lassitude détachée"*, si bien chanté tout le contraire.

* Libération, 19/12/2011.

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